
Une farouche liberté - Gisèle Halimi, Annick Cojean
Description
Gisèle Halimi : Soixante-dix ans de combats, d’engagement au service de la justice et de la cause des femmes. Et la volonté, aujourd’hui, de transmettre ce qui a construit cet activisme indéfectible, afin de dire aux nouvelles générations que l’injustice demeure, qu’elle est plus que jamais intolérable.
Une farouche liberté est une retranscription de l'entretien que Gisèle Halimi a accordé à son amie, et journaliste, Annick Cojean. Elle revient sur ses convictions qui ont guidé sa vie, son engagement ainsi que son combat en faveur des droits des femmes.
Extrait:
"Me sauver, c’était d’abord être indépendante économiquement. Échapper à cette malédiction des femmes qui les plaçait en situation d’obligées et de quémandeuses. Comme ma mère. Comme la plupart des femmes de l’époque. Adolescente, j’avais procédé à une enquête dans la famille, la tribu, chez les amis : sur trois ou quatre générations, aucune femme n’avait jamais "gagné" sa vie. Seuls les hommes travaillaient pour subvenir aux besoins des leurs. On ne s’interrogeait pas. C’était ainsi : l’homme était l’homme. Il dirigeait, décidait, nourrissait. Les femmes étaient à charge. Inexorablement. Dominées, cela va sans dire. Et infantilisées. Comment oublier ces scènes où ma mère, Fritna, qui ne disposait que de très petites sommes pour gérer le quotidien du foyer, rendait des comptes à mon père Édouard ? Elle devait lui soumettre chaque soir une feuille de papier quadrillé où elle avait sagement noté ses dépenses. Et selon son humeur, Édouard avalisait. Ou s’insurgeait. Je l’entendais hurler : "Je ne suis pas un puits d’argent, je me tue au travail pour vous tous ! Et vous ne vous en rendez pas compte !" Il surjouait, avec sa puissance d’homme qui "fait vivre" sa famille. Et Fritna, écrasée, coupable, tentait de se justifier. "Édouard, c’était pour les enfants…" Cette impuissance d’une femme sur l’économie de sa vie et de son foyer m’anéantissait."
Gisèle Halimi
Gisèle Halimi était une avocate, militante féministe et femme politique franco-tunisienne. Après ses licences de Droit (Paris) et de Philosophie (Sorbonne), Gisèle Halimi s’inscrit au Barreau de Tunis (1949). Elle y défend les syndicalistes et les indépendantistes tunisiens. En 1956, elle s’inscrit au Barreau de Paris. Elle sera l’un des principaux avocats du F.L.N. algérien. Elle dénoncera les atrocités commises par l’armée française.
En 1971, elle est la seule avocate à signer le Manifeste des 343, des femmes qui déclarent avoir avorté et réclament le droit à l’accès aux moyens anticonceptionnels et à l’avortement.
Décédée à Paris le 28 juillet 2020, Gisèle Halimi a accompagné tous les grands combats de la deuxième moitié du XXe siècle.
Thèmes : enfance, famille, patriarcat, féminisme, droits des femmes, liberté, justice, solidarité, indépendance de la Tunisie et de l'Algérie, politique.
Autrices : Gisèle Halimi, Annick Cojean
Éditions : Grasset
Date de parution : 19/08/2020
Dimensions : 12 cm x 18,5 cm, 160 pages.